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Un calcul simple avec Jeffrey Sachs : 10 centimes nous suffisent

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Dans le numéro du 8 septembre de la respectable revue médicale « The Lancet », le professeur Jeffrey Sachs du Earth Institute de la Columbia University démontre une fois de plus que, pour financer les soins de santé de base pour tous, la contribution des habitants des pays à hauts revenus s’élèverait à dix centimes pour chaque 100 euros (ou dollars) gagné. Voilà comment cela marche :

« …les gouvernements des pays à bas revenus ont souvent, même s’ils le voulaient, insuffisamment de revenus pour assurer à tous leurs citoyens l’accès aux soins de santé de base. Un calcul simple s’impose. La somme minimale pour assurer les soins de santé de base est environ 50 à 60 US$ par personne et par an. »

Par contre, même cette somme modeste (en comparaison aux milliers de dollars que nous dépensons aux soins de santé dans les pays à hauts revenus ) est hors de portée des pays les plus pauvres. Prenons par exemple, un pays au revenu national brut (pnb) de 300$ par personne et par an, comme le Mali ou l’Ethiopie. Les revenus publics, via les impôts, taxes et autres ressources peuvent atteindre 20% du pnb, c’est à dire, 60$ par personne et par an. Avec ces revenus, les gouvernements doivent financer leurs dépenses, l’éducation, l’infrastructure, l’administration et aussi les soins de santé. Une norme internationale, connue sous le nom « les Déclarations d’Abudja » dicte que les pays à bas revenus doivent dépenser 15% de leurs revenus aux soins de santé pour tous leurs habitants. Ceci suppose un effort considérable, mais faisable. Néanmoins, 15% de 60$ ne font que 9$, tel est le montant que ces pays peuvent dépenser à leur santé publique ».

« En comparaison avec les 27 milliards de dollars (calcul approximatif) donnés en 2010, ce coût suggère, une offre, de la part des pays donateurs, de 40 milliards de dollars. Il suffit donc d’ajouter 13 milliards de $ et le but est atteint. Cela ne représente que 0,1% du pnb des pays à hauts revenus. En résumé, il ne faudrait que 10 centimes par 100$ de revenus des pays donateurs pour garantir une aide internationale dispensant les soins de santé de base ».

Ces chiffres décrivent un ordre de grandeur. S’ils manquent de précision, ils sont réalistes et confirment notre charte et notre demande des 10 cents. Ce n’était pas par hasard que, lors de notre conférence de 2009, Jeffrey Sachs y participa en tant qu’un invité de marque. Son œuvre a toujours été une de nos sources d’inspiration.

C’est une réjouissance de constater que nous nous trouvons toujours sur la même longueur d’ondes.